De plouc à biznessman

16 . 02 . 2012 | Coups de coeur, Divers

En quelques décennies, comme beaucoup d’autres métier, de gros changements ont eu lieu. Je vais vous prendre en exemple une petite structure familiale comme la mienne et même plus précisément la mienne !!!
Mais ce n’est pas un cas isolé et non significatif, bien au contraire.

Voici 40 ans lorsque mon père a acheté, les anciens propriétaires étaient coopérateurs et en même temps éleveurs (vous pouvez le constater sur les photos à la page historique).

A l’époque ces gens cultivaient la vigne de manière très empirique, et le but était de faire le plein. Les connaissances et moyens techniques à disposition, ne permettaient pas grand chose. Donc Ils faisaient en fonction de ce que mère nature leur permettait. Pour palier aux aléas climatiques, la polyculture élevage était une bonne solution.

Lorsque mon père a acheté, il a recommencer à vinifier sur l’exploitation, mais les connaissances et moyens techniques n’étaient toujours pas arrivés. Mais là plus de polyculture, donc plus de risques ! Il a fait avec ses moyens et son inspiration,et de manière tout à fait empirique il a amélioré la qualité des vins produits.

Quelques années après, ma mère étant alors à la tête de l’exploitation, ce fut l’essor de la grande distribution. On a tendance à oublier les effets de cette période sur la production. En effet il a fallu améliorer la productivité au maximum. Entre temps, la science s’est penchée sur la viticulture et l’œnologie, ce qui a permis d’améliorer grandement la qualité et de régulariser les quantités produites.

Lorsque je suis arrivé, la science avait encore progressé, mais surtout, les moyens techniques permettant de mettre en œuvre nos connaissance s’étaient miniaturisés pour les petites exploitation et le prix des investissements était devenu à peu près abordables. Là encore grosse progression qualitative.
Mais ce qui n’allait pas c’était la distribution. En effet le négoce de Bordeaux achète aujourd’hui encore près de 80% de la production de la région. Donc quand le négoce éternue, les petits exploitants s’enrhument et quand le négoce s’enrhume, on meurt ….
Je me suis donc attelé à construire une distribution

Et voilà ! en à peine 40 ans nous sommes passés par de nombreux stades, du plouc au paysan, puis au viticulteur et maintenant gestionnaire d’entreprise. Rien qu’au niveau de ma carrière, lorsque je suis arrivé sur l’exploitation, je n’était qu’un technicien viticole et œnologue. Aujourd’hui, je passe près de la moitié de mon temps à des taches administratives et commerciales.
J’ai donc aujourd’hui la chance de rencontrer tant des consommateurs, que de gros importateurs de toute la planète, tout en restant un simple chauffeur de tracteur, manœuvre au chai etc. Je n’aurai jamais imaginé voir une telle évolution en si peu de temps

Article à suivre sous un autre angle …..

2 Commentaires

  1. Régis Chaigne

    Hugues, Richard, pour avoir vécu le même parcours, pas grand chose à ajouter.
    On sait faire -très- bon sur notre exploitation, c’est plus dur de -bien- vendre.
    Et la partie administrative consomme une énergie terrifiante, phénomène que je ne connaissais pas à mes débuts il y a 20 ans.

  2. Xavier Richard

    Bienvenue dans le monde des viticulteurs in-dé-pen-dants, qui doivent non seulement s’atteler à la viticulture et la vinification mais aussi au commerce de leurs produits. Les grands châteaux, je veux dire les plus réputés, ont la vie belle. Ils vendent la plupart de leur production en primeur aux négociants de la “place de Bordeaux”, envoient une dizaine de factures (salées) par an et basta. Pas de soucis de chercher des distributeurs, pas de soucis de faire déguster son vin lors de foires multiples, concours etc…, pas de soucis ni l’envie de vendre en direct non plus. C’est là toute la quadrature du cercle du vigneron: viticulture, vinification, commercialisation, promotion, gestion… de vrai “all-rounders” malheureusement peu appréciés à leur juste valeur. Autrefois on passait aussi très souvent par des courtiers de campagne qui connaissaient parfaitement le côté “sourcing”. Ce métier a plus ou moins disparu avec l’avénement des outils informatiques et les circuits de distribution se sont raccourci avec un effet de réduction des marges pour les producteurs pour offrir un produit acceptable en terme de prix par rapport à la demande. Laquelle demande ne suit aucune logique qualitative. Il y a encore des gens qui rechignent à acheter une bouteille de vin de 75 cl à plus de 5 Euro alors qu’ils ne trouvent rien à redire à un petit flacon de shampoing rose fluo à 3,90 Euro… C’est pas gagné, mais il faut continuer à se battre. Bonne chance.

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